Métamorphose
Brouillon-Projet de Blog participatif
Pour une agora permanente de l’économie circulaire et des monnaies territoriales
en réponse à une recomposition de nos territoires de vie.
Suite au theatre procès de l'argent devenu Roi (1789/2009) dans le cadre du festival camino de la non violence à Toulouse Tournefeuille 12,13,14 juin 2009- 20 000personnes et 450 participants au proces sur deux jours
Blog de recherche participative : Explorer le concept de changement qui s’appelle en biologie métamorphose.
François Plassard
La Métamorphose pour en finir avec le scénario du Titanic ? le scénario de l’improbable à moins que …. une mobilisation de la société civile propose, à la société marchande (l’Etat et le Marché) : une autre manière de penser globalement pour agir localement, une autre manière de penser localement pour agir globalement.
|
Plan du Blog
I- Notre Constat ou trame de départ qui s’inspire en synthèse de nombreux apports mis en annexe, « manifeste pour la métamorphose du monde » de Edgar Morin et Pierre Gonod, « Où va le monde de joseph Stiglitz », prix Nobel d’économie, « Titanic ou Métamorphose » de François Plassard, « sentence du tribunal de l’argent Roi – festival camino de la non violence 2009… …
II- Notre objet : explorer le scénario de la "métamorphose" comme processus de changement
qui se démarque de celui de croissance –effondrement du capitalisme de marché
ou de la révolution du grand soir (aux matins blèmes) qui reproduit l’identique.
Meme si effondrements et révoltes feront sans doute partie du changement , le courage " c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" disait jean Jaures .
La métamorphose explore l’idée que le futur est déjà là mais en état de dormance, qu’il faut travailler les conditions de son éclosion.
III- Confier aux jeunes générations le soin de réécrire les textes ci-dessous
Apres les mises en commun en deux temps de respiration :
-
-
apporter des textes qui seront analysés transversalement par des groupes d’étudiants en interdisciplinarité (Hypertextes)
-
réécrire à plusieurs les textes de la première partie pour aller vers des propositions (global/local)
-
- Ouvrir des chemins (caminos) vers l’action pour les chrysalides de la métamorphose.
I- Notre constat ou trame de départ
Croissance et effondrement
Croissances marchandes et effondrements ont été ces trois derniers siècles les caractéristiques de l’évolution du système d’accumulation occidental qui a mis la marchandise au cœur de son système de valeur régulé par « la main invisible du marché » pour sortir de la phase religieuse du Moyen age.
Le premier effondrement du système d’accumulation occidental a trouvé son dépassement quand des milliers d’hommes et de femmes sans emplois sont allés conquérir une Amérique faiblement peuplée par des « peuples premiers ou peuples racines » qui n’avaient pas fait de la « science, la technique, l’économie, le profit » le moteur de leur évolution.
Deux autres effondrements du système d’accumulation occidental de la marchandise ont trouvé leur dépassement dans deux guerres mondiales (1914-1918 et 1940-1945) avec pour foyer l’Europe, qui ont entraîné dans leur sillage tous les autres peuples du monde ;
Ce qui caractérise chaque période d’effondrement-recession, c’est un chômage de masse qui côtoie une surcapacité productive qui ne trouve plus assez de clients solvables pour écouler ses marchandises. Dans une spirale récessive « des marchandises sans acheteurs (on brûle avant la guerre de 1914 les sacs de café dans les locomotives !) côtoient des hommes sans revenus parce que sans travail ».
Toutes les tensions internes (riches/pauvres, salariés/chômeurs, jeunes/vieux, autochtones/étrangers, hommes/femmes etc.) à la société s’exacerbent, conjuguant perte de confiance et peurs réciproques. Le dépassement de cette tension inégalitaire se fait soit par l’exode, soit par la guerre. Par exemple en se joignant à la deuxième guerre mondiale qui fait suite à la récession des années 1930, les Etats-Unis créent immédiatement 7 millions d’emplois et exportent 3 millions de soldats ! Hitler aurait-il accédé au pouvoir sans un contexte de chômage de masse en Allemagne et les juifs auraient –ils servi de victimes émissaires ?
Le quatrième effondrement
Au sortir de la dernière guerre de 1945 à 1975, trente années atypiques nous a fait croire à la possibilité d’une société qui lie une croissance partagée à un plein emploi pour tous. Ces trente années prirent le nom de « trente glorieuses » tant la croissance du PIB semblait aller de pair (ou presque) avec la croissance du BIB (Bonheur Intérieur Brut)
Dans la tension entre revenus du capital et revenus du travail qui caractérise l’activité capitaliste de marché, une sorte d’équilibre semblait avoir été trouvé dans le partage de l’effort collectif (gains de productivité du travail)
-
entre une baisse du temps de travail (60 heures à 40 heures),
-
une hausse des salaires,
-
une baisse des prix des marchandises
-
et la rémunération du capital.
Dans cette tension entre un Etat redistributeur et le marché, les syndicats de l’entreprise fordiste ont joué un rôle certain. Cette maniere de redistribuer l'effort collectif au service du plus grand nombre peut s'appeller un contrat social.
Mais depuis 1975 nous avons vécu conjointement plusieurs ruptures ou accélérations qui vont changer ce contrat social :
une révolution technologique (de la commande et de l’information), une accélération du commerce mondial (globalisation des marchés), ces deux phénomènes provoquant une mutation du système productif (appelé réengenering) au profit de firmes multinationales, sortes d’entreprises « hors sol » d’un nouveau genre, de plus en plus déconnectées des territoires. Les chiffres d’affaire de certaines dépassent maintenant celui de nombreux Etats !
A ces deux ruptures s’en sont ajoutées deux autres dont les medias ont moins parlé :
1)- celle de l’abandon par les Etats nations de leur capacité à créer de la monnaie au profit des banques privées (ce que nous appelons banque centrale n’est que l’émanation de banques privées qui échappe au contrôle politique et démocratique). Pour mémoire : 1971, abandon de la référence à l’or comme compensation à la création monétaire par le président Nixon, 1973 en France : obligation des Etats d’empreinter aux banques privées (décision de Giscard d’Estaing), 1983 même contrainte à l’échelle européenne.
Pour exemple l’impôt sur le revenu en France en 2008 correspond à peu près au remboursement des intérêts de la dette, ce qui aurait été évité si l’Etat avait lui-même créé cet argent crédit (comme autrefois les rois pour financer leur cathédrales ou leurs guerres de territoires)
« Donnez moi le contrôle et le pouvoir de créer la monnaie et peu m’importera alors ceux qui produisent les lois » disait déjà Rothschild en 1938 ! Et se réapproprier le pouvoir de la monnaie à coûté la mort (par assassinat) à trois présidents des Etats-Unis !
Quelle est alors l’obsession de ceux qui décident de l’orientation des activités humaines par l’argent crédit (ou l’argent dette) en prêtant à Pierre, contre intérêt et garanties, parfois quarante fois l’argent déposé par Paul ?
La lutte contre l’inflation qui affaiblit les possesseurs de capitaux (nommée « déflation compétitive » par les économistes) au détriment de l’emploi et même de l’environnement !
2)- Une deuxième autre rupture par rapport aux trente glorieuses est cette fois idéologique pour rompre l’équilibre capital travail qui va mettre le Politique, garant du bien commun, au service du marché globalisé qui se présente comme une nouvelle totalité surplombante à l’activité des hommes ! Un nouveau sacré ? nommé par certains « monothéisme de marché ».
En trente ans les revenus du capital vont augmenter de 22% et les revenus du travail vont baisser de 17% (René Passet – monde diplo). Ce consensus idéologique fut appelé consensus de Washington (rencontre Reagan Thatcher) ou consensus TINA (There Is No Alternative …au capitalisme de marché). Les accords généraux sur le commerce et les services « AGCS » (qui ont motivé le mouvement ATTAC alter mondialiste) obligeaient en quelque sorte les Etats à abandonner leurs fonctions régulatrices redistributives. Les chiffres du PNUD (programme des nations unis pour le développement) montrent en 2002 sur onze pays industrialisés que là où la recette publique est la plus élevée, les indices de synthèse de pauvreté sont les plus faibles et les écarts les moins élevés entre les 10% des revenus les plus faibles et les 10% de revenus les plus riches. La rupture idéologique du consensus de Washington va rompre cet équilibre Etat Marché qui a caractérisé les trente glorieuses.
On sait depuis longtemps la propension du marché à ne voir que le cours terme, à externaliser ses coûts sociaux et environnementaux sur les territoires, à concentrer la richesse (loi de Pareto 80%/20%) sans savoir la redistribuer ! Sous la contrainte idéologique et l’accès aux capitaux privés (appelé dérégulation libérale !), les gouvernements de droite et de gauche abandonnèrent progressivement aux entreprises privées (sous prétexte d’efficacité immédiate) toutes les activités autres que la police ou la justice.
Les pays en voie de développement ne purent empreinter de l’argent à la Banque Mondiale ou au FMI (Fond Monétaire International) qu’en obéissant à cette idéologie libérale dite du « consensus de Washington » au prix de l’augmentation de la pauvreté du plus grand nombre et de l’enrichissement de quelques uns (souvent par la corruption et les bonus que sont les ventes d’armes aux dictatures). La belle formule de l’ « ajustement structurelle » conditionnée aux prêts de capitaux étrangers servit d’intrusion à des firmes multinationales pour « piller des richesses naturelles de sol et de sous sol » sans en payer dans la plus part des cas les externalités en coûts sociaux et environnementaux dans les pays d’accueil, reconnaît Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie.
Cette quatrième période de l’accumulation effondrement du Capitalisme de marché dominée par les firmes, lesquelles sont dominées par le système monétaire international, a pour nouveauté, par la globalisation des marchés, d’avoir créé une interdépendance de destin à l’échelle planétaire.
L’argent a perdu son statut de moyen pour devenir une fin en soi (nouveau sacré) et en 2009, 97% de la masse monétaire ne sert plus directement à de l’échange direct de biens et de services (francois Morin, spécialiste de la monnaie).
La prophétie d’Homère, philosophe grec, semble s’accomplir : « un jour viendra où des demi dieux, manipulateurs de signes et de symboles, domineront les humains ». Comme celle plus tard d’Aristote qui disait que « lorsqu’il y aurait basculement de la richesse pour produire du bien être pour soi même et sa proximité à celle qui consiste à produire de la richesse pour du profit, il n’y aurait plus de limite à l’accaparement du pouvoir et de la richesse ! »
Nous y sommes avec cette mondialisation économique par des firmes multinationales sans pouvoir démocratique et politique à la hauteur pour réguler et redistribuer.
Cette interdépendance crée à l’échelle planétaire se manifeste tant par la crise sociale qu’elle a provoquée : 40% des humains vivent avec moins de deux dollars par jours soit en dessous du seuil de pauvreté tel que le définit la banque mondiale, que par la crise écologique qu’elle a aussi provoquée (réchauffement climatique, épuisement des énergies non renouvelable, chute de la biodiversité).
Et comme dans les précédents effondrements du capitalisme de marché, on assiste à une surcapacité productive qui côtoit une croissance de la pauvreté –précarité des plus pauvres et un effondrement de la classe moyenne.
La mondialisation des marchés a échoué sur ses promesses de réduire les fossés entre riches et pauvres.
Elle a produit quelques gagnants (la Chine voulant devenir l’usine du monde a construit sa croissance sur les exportations, l’Inde sur les services, le Brésil sur l’exportation de son soja) et beaucoup de perdants ;
Menée par la Banque mondiale, le FMI et l’OMC au service des entreprises privées sur un déficit politique et de démocratie, elle s’est construite comme le dit Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, contre les citoyens du monde.
D’autres parleront de « impuissance du politique, faillite des élites avec leur discours de croissance confondu au développement, de cessession des riches (et fuite dans les paradis fiscaux) »
Dans ce quatrième effondrement du capitalisme de marché, l’Europe avec ses quatre cent millions d’habitants n’est plus le sujet de l’histoire d’un monde où l’économie devenue religion des hommes a pris le pas sur la société. Dans le grand casino du marché mondialisé qu’elle a historiquement initié, elle n’a plus la loi du nombre et de moins en moins la primeur de l’avancée technologique. Par exemple les ailes d’air bus ont été dessinées par des sociétés informatiques indiennes.
Mais cette posture périphérique peut-elle être une chance pour faire de l’Union Européenne le laboratoire d’un monde à venir où les liens entre économie, société et écologie se trouveraient inversé ? Où les hautes technologies changeraient de nature pour devenir plus organisationnelles et sociales sur la production d’un nouvel art de vivre et d’un bien être partagé ?
Tel veut être l’espace collaboratif de ce blog pour l’inventer ;
Changer de direction
Pour la première fois le miracle de la Vie née il y a quatre milliards d’années sur notre petite planète Terre, interaction positive entre la terre et ses sols, l’eau, l’atmosphère et l’énergie du soleil, se trouve profondément perturbé par l’espèce vivante qui en avait pris la gouvernance : nous les humains !
Parmi de nombreuses alertes, le film HOME de Yann Arthus Bertrand, regardé par 8,5 millions de français et projeté dans 135 pays simultanément, a ouvert à un plus grand nombre de citoyens cette prise de conscience en martelant cette idée : « Tout s’accélère, nous n’avons plus le temps d’être pessimiste ! »
Si comme le dit M.Proust : « les faits ne pénètrent pas les croyances », il parait normal que les remises en cause des croyances soient le plus rapides au sein de la société civile que dans les institutions d’Etat ou du marché qui croient conditionner leur survie à la protection des croyances souvant en contrôlant les medias.
Normal, c’est la société civile qui est en première ligne de front sur les conséquences des effondrements. C’est elle qui est et sera la première victime par la mort ou l’exode forcé par la pauvreté ou le réchauffement climatique (250 millions de réfugiés climatiques d’içi 2050 ?) , des guerres de dépassement de l’accumulation effondrement du système d’accumulation occidental de la marchandise !
Le parti pris de ce site est donc l’expression de citoyens de toute appartenance, mais s’exprimant à travers leur conscience, leur responsabilité de citoyen.
II- Notre objet : Explorer le scénario de l’improbable, celui de la Métamorphose, pour lui donner les chances de devenir probable.
Le plus probable est que l’enchevêtrement de processus interdépendants entre crise financière, crise sociale, crise écologique ( énergétique, climatique, biodiversité) , expansion démographique jusqu’à 9 milliards d’humains, nous conduisent vers l’abîme en retirant à l’espèce humaine le pouvoir qu’elle s’était donné de gouvernance ( maîtrise ?) de l’aventure de la Vie .
Le vaisseau spatial Terre n’aurait plus les humains comme pilote ?
Notre évolution humaine empreintrait-elle celui d’un Titanic s’échouant sur des icebergs que nous aurions nous même en grande partie provoqué ?
Comme le dit Edgar Morin dans son dernier texte « Manifeste pour la métamorphose du monde » (21 mars 2009) nous sommes en présence d’une « crise planétaire, systémique, multi dimensionnelle qui concerne l’ensemble des peuples » .
Notre objet de recherche collective devient alors :
De concevoir simultanément une refondation de notre rapport à la Vie et à la Biosphère, comme une opportunité d’une refondation de nos rapports entre humains pour réguler nos violences et faire société.
A l’inverse de la mondialisation des marchés imposée comme une tautologie au mépris des citoyens et de leurs territoires de vie, c’est en premier lieu avec les citoyens et les territoires que cette refondation doit s’opérer. Car ce sont eux les premières victimes de la crise sociale et crise écologique engendrées, sans précédent par son ampleur dans l’Histoire.
Plus globalement, prenant acte des scénarios de croissance effondrements du passé que l’on pourrait assimiler à une phase d’adolescence de l’humanité qui se voyait dans un monde infini à conquérir, nous voulons imaginer une société adulte et responsable d’elle-même et de l’aventure de la vie dont elle fait partie qui s’inscrit dans un monde fini : la Terre patrie. Ce changement de posture, d’un changement d’état, n’est pas des moindre puisqu’il nous fait abandonner la figure du héros conquérant au profit de celle de jardinier d’une terre patrie que nous ne quitterons pas avant très longtemps.
Notre parti pris est celui d’imaginer ce « saut qualitatif », ce franchissement de seuil, qui dans l’histoire de la vie prend le nom de : Métamorphose.
L’histoire de la Vie, aussi bien dans le règne minéral, végétal et animal, nous donne l’exemple de multitudes métamorphoses ou passage d’une forme à l’autre réussie depuis que la vie a à partir des océans conquis les espaces terrestres émergés.
Dans l’idée de métamorphose il y a l’idée féconde de « cellules souches dormantes » ou « chrysalides » qui se transforment quand un changement de contexte apparaît pour prendre le relais de l’évolution.
Notre parti pris de recherche collective sur la métamorphose est que le futur est déjà là, point n’est besoin de l’inventer, il suffit de lui permettre d’éclore !
-
Mise en commun de contributions de citoyens
Première priorité : unité et diversité
« Concevoir simultanément une refondation de notre rapport à la Vie et à la Biosphère, comme une opportunité d’une refondation de nos rapports entre humains pour réguler nos violences et faire société » suppose d’abandonner la vision réductrice de la société humaine conçue comme un marché mais comme un organisme vivant.
Un organisme vivant qui a conscience d’un destin commun dans un monde fini, est une organisation vivante qui tient compte de la tension entre unité et diversité. Comme l’exprime Edgar Morin : « comprendre que le trésor de l’unité humaine est la diversité et que le trésor de la diversité est l’unité »
De ce constat découle deux types de contributions complémentaires :
1- Ceux qui partant des singularités des territoires et de leurs initiatives s’inscrivent dans la dialectique : penser local pour agir globalement
2- Ceux qui partant de la nécessité de nouvelle forme de gouvernance global s’inscrivent dans la dialectique : penser globalement pour agir localement.
Réapparait ainsi ce vieux débat historique concernant le rapport à soi, le rapport à l'autre, le rapport au collectif , indissociablement lié. Pour changer le rapport à soi et à l'autre constitutif de la personne, il faut aussi changer le rapport au collectif qui en retour détermine les deux premiers. Car l'homme produit la société qui en retour le produit.
Deuxième priorité conséquente de l’idée de métamorphose : sortir de l’économisme
Notre hypothèse est que d’avoir fait de la monnaie, outil de l’échange devenu finalité , le miroir de nos activités humaines à travers le mot développement, nous avons laissé en dormance un versant complet de l’identité humaine fait d’altruisme, au profit de l’égoïsme . Un miroir qui a privilégié le « je » exclusif de l’autre, au détriment du « nous » inclusif de l’autre, pour nous construire en tant qu’humain.
Comme l’exprime Edgar Morin : « l’être humain est caractérisé par ce double principe, un quasi double logiciel : l’un pousse à l’égocentrisme, à sacrifier les autres à soi ; l’autre pousse à l’altruisme, à l’amitié, à l’amour.. Tout, dans notre civilisation, tend à favoriser le logiciel égocentrique. Le logiciel altruiste et solidaire est partout présent, inhibé et dormant, et il peut se réveiller. C’est donc ce logiciel qui doit être développé »
Questionner nos valeurs
Il nous faut reconnaître que nos deux utopies de la liberté et de l’égalité que nous avons mis en avant dés 1789 pour nous libérer de « l’utopie religieuse de l’éternité » qui nous avait assujetti pendant la période précédente, nous a assujetti à nouveau dans une machinerie sociale et économique posée comme porteuse du sens de l’histoire.
Les deux dogmes de la lutte des classes (l'appropriation collective des moyens de production au nom de l’égalité) et de la main invisible du marché (au nom de la liberté individuelle d'entreprendre) ont un point commun : celui d’avoir évacué la responsabilité éthique du citoyen, celui de n’avoir exprimé que le versant égocentrique et exclusif du logiciel humain.
Pour réveiller la deuxième partie du logiciel humain, dormant et inhibé, il nous faut réinvestir les logiques de l’échange de don et de réciprocité de personne à personne (le lien plus important que le bien) tels que les peuples premiers ou peuples racines nous en ont montré l’exemple jusqu’à l’invention de l’agriculture et de la sédentarisation qui lui est lié.
En mettant un prix ou un nombre en face de toute chose comme l’a exprimé Albert Jacquard dans le procès de l’argent devenu roi (« ce qui ne se compte pas en argent ne compte pas » disent les économistes ), nous avons enfermé nos deux valeurs de liberté et d’égalité dans un carcan matérialiste que la logique de la métamorphose nous invite à dépasser.
Si nous pensons métamorphose, il nous faut mettre la société marchande, finalisée sur elle-même, au service d’un nouvel art de vivre des hommes en société qui intègre la logique non monétaire du don et de la réciprocité de personne à personne.
Il nous faut passer de la société de marché à une société avec marché.
Comment nommer une troisième logique régulatrice de la liberté et de l’égalité incarnés par le marché et l’Etat devenus finalité ? Certains peuples l’ont appelé « fraternité » (introduite en 1797 dans la constitution en Hollande, puis en1848 en France après la révolte sanglante des ghettos de riches contre les ghettos de pauvres), d’autres « responsabilité ». Nombreuses sont les chrysalides en dormance qui se réveilleront dans le miroir de ce troisième type d’échange de don et de réciprocité où chacun se sent responsable de l'autre pour y exprimer leur talent, pour peu que la société marchande, non seulement lui laisse une place (ce qui n’est pas le cas actuellement) mais lui permette d’éclore.
« Au fond, que voulons-nous comme fin de la destinée humaine ? Posséder de plus en plus (et « être possédés »), augmenter notre puissance (matérielle) et multiplier nos « gadgets », ou viser à un accroissement de l'être, à l'hominisation véritable seule en mesure de nous arracher aux barbaries ancestrales et de rendre enfin possible notre réconciliation avec la nature ? Continuer à « sacrifier le bonheur » au profit et à la puissance, à rester « un homme vide aux mains pleines » ? OU bien, tandis qu'il est temps encore, peut-être bifurquer hardiment pour l'autre direction, celle qui fait passer l'homme avant le profit, le bonheur vrai avant la religion de la production.
Théodore Monod, naturaliste et académicien (1902 – 2000)
La logique inversée « Fraternité, Equité, Liberté » pourrait-elle servir alors de matrice provisoire (constitutionnelle ?) à ce dépassement de l’économisme vers une logique de métamorphose ? Au niveau local et à l'echelle individuelle ces trois valeurs peuvent-elles respectivement résonner avec Responsabilité, Solidarité, Autonomie ?
Cette inversion de l'ordre des valeurs est lourde de conséquences à inventer dans la logique des temps sociaux et de l’emploi qui accapare à lui seul la logique de la reconnaissance sociale (voir du revenu) dans une société de marché toujours en quête de productivité. L’explosion du chômage la rend d’autant plus urgente, alors que le temps libre libéré par les machines pourrait se transformer en temps choisi pour tous pour éviter de " perdre sa vie à vouloir la gagner" .
Troisième priorité pour le scénario de la métamorphose : désarmer les logiques de la peur
Un scénario de la métamorphose ne peut se concevoir dans une logique de la peur. Or la société de l’hyper contrôle et de l'hyper sécurité (décrite dans le roman d’Orwell) est déjà en marche.Les logiques en boucle de récession ( le chomage qui produit le chomage), qui vont accroître encore les inégalités-précarités, ne feront que les exacerber.
Un document de l’OCDE montre dans tous les pays industrialisés une corrélation troublante entre le taux de prisonniers par mille habitants et par pays et le taux de redistribution de la richesse par l’Etat, richesse que d’évidence le marché ne sait pas à lui seul redistribuer. La palme revenant aux Etats Unis. Ces logiques dans l’histoire préparent les guerres.
"Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l'ordre et de la sécurité est déjà esclave au fond du cœur; elle est esclave de son bien-être, et l'homme providentiel qui doit l'enchainer peut apparaitre " disait déjà Alexis de Tocqueville en 1848 dans la vie des peuples démocratiques. l'homme providentiel qui doit l'enchaîner peut apparaître » disait déjà Alexis de Tocqueville en 1848 dans la vie des peuples démocratiques.
A l’échelle de la planète se profile une tension redoutable entre énergie et alimentation créant une peur face à la rareté.
Energie et alimentation
En moins de 50 ans, vingt pour cent des humains ont accaparé à leur profit et épuisé ces « puits de soleil » que sont les énergies non renouvelables (pétrole, gaz) que la vie a accumulée pendant des millions d’années. Un litre de pétrole, c’est selon les calculs entre deux et vingt semaines de travail humain ; la fin du Pic Oil c’est 2020, plus tôt encore pour les experts plus pessimistes meme si les réserves de l'Antartique nous accorde deux à trois ans de répis supplémentaires !
Même si des énergies renouvelables se mettent progressivement en place, elles ne sont pas à la hauteur des enjeux.
La réponse est dans le partage de nos modèles de développement et modes de vie partagés si nous voulons éviter le scénario de la peur dans l’accès pour tous aux ressources rares non renouvelables. Le concept plus global d’empreinte écologique développé par WWF illustre bien cet enjeu qui a pour non partage. Et nous savons que moins de PIB ne veut pas dire nécessairement moins de BIB (Bonheur Intérieur brut). Une révolution de nos modes de vie est de l’ordre d’une révolution culturelle qui peut réveiller des chrysalides déjà là sur l’invention d’un nouvel art de vivre.
Une politique de l’humanité comme arbitre de l’accès aux ressources rares, à la place des seules lois du marché protégées par l’OMC, s’avère donc nécessaire pour éviter le scénario catastrophe de la peur. Sinon il est fort à parier que le reste de terre arable non détruit par l’agriculture pétrolière (qui épuise les sols et s’accapare 70% de l’eau potable) servira à alimenter le milliard de voitures des riches par les bio carburants (cinq millions d’ha d’huile de palme en Asie, soja au Brésil par déforestation de la foret primaire) au détriment du milliard d’humains qui a faim et qui peut rapidement doubler. Dans la compétition énergie /alimentation les émeutes de la faim sont devant nous.
Quatrième priorité : Réparer les eco systemes locaux avec une économie plus circulaire
L’efficacité de notre système technique au nom de l’universalité du marché de notre système d’accumulation occidental conçue comme une tautologie, a détruit des trésors de complexité et de diversité locaux au profit des plus riches à des milliers de km pour les consommer.
En préférant le plus au mieux, nous avons privilégié inconsidérément l’efficience rationnelle des circuits longs d’échange (coûteux en effets de serre) au détriment de l’efficacité raisonnable des chaînes raccourcies.
Au nom d’efficacité mesuré en argent nous avons détruit la « résilience » qui caractérise la vie et qui intègre la diversité ;
C’est avoir oublié que dans notre patrimoine de sagesse commun aux différentes culture du monde, l’accès à l’universel (faire de sa vie une œuvre d’art en y intégrant la vie des autres) passe d’abord par le sentiment d’appartenance à une singularité territoriale, locale ou familiale (fraternité) sans pour autant s’y laisser enfermer. « En donnant à l’argent une valeur d’échange universelle, l’homme sombre dans la perversion d’un ego qui troque l’être, la vie, contre tout ce qu’il peut virtuellement avoir » dit justement Denis Vasse psychiatre. Et bonjour la frustration d’un désir d’avoir, substitut à l’être, quand il transite par cet outil du désir mimétique planétaire qu’est la télévision, qui vit des budgets de promotion-marketing des produits. .
Pour restaurer nos systèmes écologiques locaux, nécessaires pour prévenir un effet d’emballement du changement climatique, il nous faut inventer une reliance entre :
- la reconquête des souverainetés alimentaires par grande région grâce à une agriculture paysanne indépendante pour l’usage de ses semences (les milliards et demi de paysans qui n’ont pas encore rejoint les villes deviennent une espérance)
- la reforestation suivant les principes de la gestion durable
- l’eco bâtir bioclimatique à faible empreinte écologique pourquoi pas avec des matériaux locaux issus de l’agriculture,
- les paquets d’énergies renouvelables (biomasse, solaire, éolien, géothermie, vagues de la mer…) revisités à partir des savoirs faire locaux et des innovations scientifiques
- les besoins de services locaux de proximité et intergénérationnels dans la santé, l’éducation, la culture, mutualisés et soustraits à la concurrence du marché dont nous savons le lien étroit avec l’expansion démographique réponse naturelle à la pauvreté,
- une gestion locale concertée de l’eau potable devenue rare.
Réinventer le rôle de la monnaie comme espace de confiance et de préservation des biens communs nécessaire à la survie.
Pour imaginer ces reliances territoriales tant nécessaire à la survie (logiques de la peur) et au défi climatique voir énergétique, pourquoi ne pas imaginer des monnaies complémentaires territoriales (exemple des Letz, Sels, SOL, WIR en suisse, kingauer en Baviere, compensation interentreprises) qui les stimulent et les protégent du marché mondialisé ? L'usage des telephones portables maintenant possible comme moyen simple de paiement ( à la place des cartes de crédit) facilite leur mise en place.
Pour naître et grandir, la vie n’invente t-elle pas toujours des protections et la croissance sans limites ne s’apparente t-elle pas à un cancer ?
Comment faire des territoires des supports d’une économie circulaire qui « recycle, répare, recombine, réévalue, relocalise » pour allonger le cycle de vie des marchandises par opposition à un système productif linéaire qui « extrait, transforme, vend, jette » où 90% de nos marchandises n’ont que 6 semaines de vie en moyenne ? Comment passer de la propriété (qui nous possède en retour) à plus d’usages mutualisés (location, copropriété..) ?
La encore le changement de système technique que nous oblige à réaliser la crise écologique avant qu’il ne soit trop tard, rejaillit sur une révolution culturelle libératrice de chrysalides en dormance.
Dernière piste de recherche action : l’énergie d’impulsion de la reconstruction
Dans un processus de métamorphose l’autoconstruction se nourrit de déconstruction.
Comment imaginer une déconstruction progressive des dépenses d’armement de 1339 milliards de dollars (en 2007), le premier budget planétaire, soit de 200 dollars /an et par humain, pour une culture de la peur, au profit de la mise en place d’une culture historique de la non violence qui a déjà montré son efficacité, impulsant les processus cités plus haut ? Comment croire qu’en présence de 10 000 têtes nucléaires, 639 millions d’armes légères en circulation, les dépenses d’armements prélevés sur nos impôts , servent à autre chose qu’à enrichir les capitaux (et lobbies privés) de la peur sous prétexte de dissuasion ?
La perversion du marché, à l’image des pompiers pyromanes, n’est –elle pas d’inventer des problèmes pour pouvoir les résoudre ?
Si Nicolas Stern , conseiller de Tony Blair , évalue le coût du réchauffement climatique entre 5% et 20% de nos PIB , soit le coût équivalent de 5 000 milliards de dollars ou le coût de deux guerre mondiales plus la grande dépression de 1929 !
Comment ne pas voir l’intérêt des mesures préventives qui coûteraient 10 à 20 fois moins, si des maintenant au nom de la métamorphose nous initions une culture de la non violence (appelé dans certains pays démocratie participative) comme initiatrice des changements tant de systèmes techniques que culturels à opérer ?
Un plan Marshall planétaire pour sauver les biens communs nécessaire à la survie ?
Mais à défaut des importantes marges de manœuvre sur les économies réalisées déjà citées plus haut, nous savons aussi de notre histoire de la pensée économique du XXème siècle que une création monétaire anticipée par l’Etat n’est pas inflationniste dés lors qu’elle favorise un surcroît de richesse créée !
La théorie sur la monnaie et l’emploi de JM Keynes en 1936 procède de cette logique. Pour exemple en s’engageant dans la deuxième guerre mondiale en produisant des équipements et des bombes, les Etats Unis ont immédiatement créé nous l’avons vu 10 millions d’emplois. En 1996 déjà 7 900 000 americains compensaient leur baisse de revenus en occupant plusieurs emplois (Wall Steet journal), actuellement avec la crise financiere c’est bien du meme ordre de 10 millions d’emplois dont les Etats-Unis auraient besoin pour un progrès social !
Le dicton populaire répété dans les cafés du commerce « une bonne guerre, et cela repart l’emploi » n’est pas loin !
Pourquoi nos Etats n’utiliseraient pas ce même mécanisme de création de la monnaie, qu’ils ne se gênent pas de pratiquer dans l’urgence d’une guerre, pour cette autre urgence que celle d’anticiper sur le réchauffement climatique en mettant à contribution des armées d’un nouveau genre : celles qui restaurent sur les territoires les souverainetés alimentaires en danger, tout en restaurant comme des jardiniers les équilibres écologiques menacés ? Les collectivités territoriales pourraient être les premières compagnies de front à mobiliser grâce à un plan Marshall planétaire pour nous économiser les vraies guerres fratricides ou suicidaires de l’histoire de l’adolescence de l’Humanité !
Pour un tel plan Marshall écologique il nous faut une monnaie internationale acceptée par tous qui d’évidence, nous l’avons vu, ne peut être l’OMC ni le FMI au service des capitaux privés, ni l’ONU dans sa forme actuelle.
Mais en attendant pourquoi ne pas commencer tout de suite sur nos propres territoires de vie et échanger sur Internet les premiers résultats de nos expériences réalisées ? De tous les pays du monde, l'Europe est la moins extravertie au niveau de ses échanges avec l'exterieur. Peut t-elle montrer la voie d'une recombinaison nouvelle entre l'Etat, le marché et ses territoires pour experimenter de nouvelles manieres de vivre plus responsable, solidaire et autonome, faisant de la crise écologique une opportunité pour résoudre sa crise sociale ?
FP
Premier temps de travail pour ce blog pour donner du « sens » (signification et orientation) à nos actions : Compilation des textes de chacun
Mise en place d’une équipe d’étudiants de différentes disciplines (science po, economie, socio..) pour repérer les convergence (méthode hypertexte ou nuages employés en prospective)
Deuxième temps : mise en place de réécriture collective par les auteurs
Troisième temps : condensation dans un manifeste collectif pour soumettre ce travail aux citoyens et aux collectivités territoriales signataires
(reprise de l’expérience des passeports de la citoyenneté mondiale ?)
et créer les conditions (global/local) d’expression des chrysalides de la metamorphose.
Mise en lien des expériences locales de monnaies complémentaires de type circulaires s’inscrivant dans une logique d’économie circulaire, recomposition des territoires en réponse à la crise écologique et crise sociale .
Textes points de départ à enrichir :
manifeste pour la métamorphose du monde Edgar Morin, Pierre Gonod 21 mars 2009
Titanic ou métamorphose ? (2009) leseditionsovadia.com françois Plassard ingenieur en agriculture et docteur en économie (Sorbonne) co-initiateur de nombreuses initiatives citoyennes comme les jardins de cocagne, le cheque du temps choisi, les Sels, les ecohameaux d’habitats bioclimatiques.
La sentence du tribunal de l’argent devenu roi 12,13 juin 2009 festival camino de la non violence www.acse.info
Le monnaies territoriales : Philippe Derruder , JJ Holbeck, P.Viveret, JF Noubel….